Monsieur Courtois « développer une entreprise de manière durable est affaire de potentiel et de méthode plus que de conjoncture » est l’un de vos credo. En ces temps difficiles, pouvez-vous tenir le même discours ?
Il y a un fossé énorme entre les grandes entreprises, qui subissent directement la baisse d’un marché et les PME, qui peuvent souvent compenser les tendances lourdes d’un secteur par une offensive commerciale structurée et organisée. Il est vrai que cette crise est inédite et que là on ne parle pas de tendance baissière mais d’arrêt brutal d’activité, le paradigme change et nous devons nous adapter.
C’est-à-dire ?
En PME en gros vous avez 3 catégories, celles qui dans un contexte d’arrêt d’activité peuvent tenir 6 mois grâce à des fonds propres, une trésorerie accumulée dans les périodes fastes, celles qui tiendront 4 mois maximum avec les aides de l’état, des banques, de la BPI et celles dont la survie ne tient qu’à un fil et qui ne passeront pas le 15 Mai.
A notre niveau nous sommes à leur chevet et je ne vous cache pas que c’est très compliqué.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées
Tout dépend de ce dont on parle. Il y a eu la période de sidération. Rendez-vous compte du jour au lendemain on vous demande de cesser toute activité. Certes le gouvernement a tenté d’être à la hauteur mais les aides, si tant est qu’on y ait accès, ne couvrent pas l’ensemble des charges. Et puis au moment où les patrons cherchent des solutions on découvre au fur et à mesure que les PME qui en ont le plus besoin sont les moins éligibles aux dispositifs mis en place et pour cause, elles étaient déjà fragiles dans leurs fondamentaux et donc en trésorerie. Il faut remplir des tas de papiers, qui les ¾ du temps n’arrivent pas faute de courrier, quant aux dossiers bancaires, rien n’avance faute de combattants dans les services.
Au-delà de cette période de sidération, comment réagissent les patrons ?
Pour l’instant ils sont en mode survie, concentrés pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Je pense que si le gouvernement ne nous donne pas rapidement un scénario de sortie de crise et une échéance, fût-elle théorique, on va au désastre. Aucun patron ne remet en cause l’importance d’aplatir la courbe épidémiologique pour permettre aux soignants de sauver le maximum de personnes. En revanche la question qu’on se pose tous, c’est à partir de quel moment la survie des fondamentaux de l’économie va l’emporter sur le risque sanitaire pour les plus fragiles ?
Comment utilisez-vous cette période ?
Chez Wikane nous sommes tous mobilisés pour sauver le maximum de boites, nos clients bien-sûr mais aussi nos prospects à qui nous proposons un soutien temporaire « gracieux » en attendant des jours meilleurs. C’est notre façon à nous de contribuer à l’effort national.
Sur quoi portent les besoins ?
Le premier besoin c’est le cash pour tenir et payer les charges, c’est ce que nous avons fait les 15 premiers jours de confinement. Nous allons travailler avec eux les 15 jours à venir sur la sortie de crise : comment la préparer, comment l’optimiser, comment rattraper le maximum de CA perdu. Viendra ensuite le temps de réfléchir à l’après crise en tenant compte de ce qu’elle nous a appris.
En quoi les consultant Wikane sont-ils des interlocuteurs crédibles pour les dirigeants de PME dans un tel contexte ?
Seul un entrepreneur peut conseiller un entrepreneur surtout en période de crise. Nos consultants ont fait le choix de l’indépendance mais pas de l’isolement, ils ont tous suivi des formations de haut niveau, qu’ils complètent tout au long de l’année en formation continue. Ils disposent du back-office puissant de Wikane et s’informent entre eux heure par heure. Mais au-delà de leur expertise, les consultants Wikane doivent aussi et surtout savoir susciter l’adhésion et mobiliser les énergies, et là ils sont à pied d’œuvre.
Votre message aux patrons de PME ?
Cette crise est un accélérateur, ce qui nous arrive était prévisible, ça fait des mois que nous en parlions sur notre blog. Ce qui choque c’est la brutalité de l’évènement qui met à jour l’extrême fragilité de l’humain et du modèle économique mondial. Parler d’opportunité serait indécent compte-tenu des malheurs que cette épidémie engendre, mais à l’évidence nous allons tous devoir faire notre examen de conscience pour repartir sur un futur plus radieux. A ce titre Wikane jouera tout son rôle, mais en attendant ce qui est urgent c’est de sauver des entreprises et l’emploi, chacun à son niveau.
Wikane en bref
Créé en 2005, Wikane est un réseau de 50 cabinets indépendants, répartis sur tout le territoire Français, la Suisse et la Belgique, qui accompagnent les PME B to B à fort potentiel dans la mise en place d’une croissance rapide et régulière et dans la gestion de plans de crise ponctuels.